2012-04-03 – Pourquoi ? Comment ?

Pourquoi, mais pourquoi donc la population du Vieux-Québec a-t-elle décliné de quasi 10% en cinq ans ? Et comment contrer ce recul ?

Chacun offre son explication avec conviction, sa solution avec aplomb. Le CCVQ, lui, n’est pas encore prêt à fournir ni l’une, ni l’autre. Pourquoi ?

Parce que nul ne peut arriver, seul, à expliquer ce phénomène de façon exhaustive. Sans compréhension approfondie, au moyen d’études rigoureuses, de pourquoi les résidants et petits commerçants foutent le camp, impossible de savoir comment les retenir, comment les ramener, comment diriger l’action correctrice adéquate.

Alors, excellente chose que cette Table de concertation que la Ville est en train d’organiser pour contrer la dévitalisation dénoncée par notre cri d’alarme du 27 mars, cri repris par Le Soleil qui en faisait sa Une du 28 mars et publiait un article reprenant l’essentiel de notre papier de la veille. Le lendemain, de Bordeaux, lorsqu’interpellé sur ce sujet, monsieur Labeaume réagissait de façon très adéquate. Pendant ce temps notre conseillère municipale, Anne Guérette, ramenait dans l’actualité une mesure fiscale déjà suggérée comme élément de solution.

Comprendre

Cette compréhension approfondie du pourquoi passe en tout premier lieu par ce que Suzanne Verreault, présidente de l’arrondissement, réclamait lors de la séance du Conseil municipal de lundi dernier : revoir, dans une perspective historique, les motifs qui poussent les gens à quitter le Vieux-Québec.

Le Soleil, samedi dernier, posait la question «Vieux-Québec : partir ou rester». Témoignages intéressants, certes, mais il en faut beaucoup plus pour avoir un portrait fidèle de la situation.

Cela implique une enquête approfondie auprès d’un nombre important de personnes. Une fois cette enquête terminée, et seulement à ce moment, la Table pourra-t-elle concevoir et planifier des actions susceptibles de corriger la situation.

Chimères

La Table devra aussi être mise au courant de bon nombre d’informations (dont les études scientifiques des États généraux) permettant à ses membres de donner des avis éclairés. Nous entendions, lors du Conseil municipal, un conseiller discourir sur les moyens d’augmenter le nombre de logements dans le quartier. Mais lorsqu’on sait que 28,6% des logements actuels ne sont pas occupés par des résidants habituels, ou permanents, on voit vite que la solution n’est probablement pas d’en construire de nouveaux. Ce qui n’exclut pas, non plus, qu’on puisse en construire.

Il y a plusieurs idées, émises par des gens authentiquement soucieux du bien-être du quartier, qui ne résistent pas face à l’évidence scientifique, ou la simple logique. Prenons le cas, cité abondamment, du manque de services de proximité. Selon plusieurs, les gens quittent le Vieux-Québec parce qu’il manquerait de services de proximité. Mais combien de gens, pensez-vous, parmi les 750 000 personnes de la région métropolitaine, vivent à 300 mètres ou moins de leur épicerie ? Une petite minorité, à l’évidence.

Si les gens déménageaient parce qu’il n’y a pas d’épicerie à distance de marche de chez eux, les banlieues seraient quasi désertes.

Dans le Vieux-Québec, les principaux services de proximité, on les a. On une école primaire, une école secondaire, un hôpital, deux pharmacies, une quincaillerie, des églises pour les croyants et une quantité impressionnante de magasins et boutiques. On a même un bureau de franc-maçons, des bars et autres lieux de perdition. Alors, la complainte des services de proximité…

Alors, quoi ?

Dans notre article Rescaper le Vieux-Québec, nous citons plusieurs facteurs de pression contribuant au problème : spéculation, évolution sociale, urbanité, tourisme, activités festives, démographie, fiscalité, mobilité et stationnement, hôtellerie illégale, résidence secondaire. On pourrait aussi ajouter les incontournables, les implacables, les sacro-saintes lois du marché.

Les États généraux du Vieux-Québec ont clairement mis en lumière que tous les quartiers historiques touristiques de la planète sont soumis, à des degrés divers, aux mêmes pressions. Le poids relatif des divers facteurs de pression varie selon le quartier considéré mais une constante se dégage : les quartiers historiques sont victimes de leur succès; asphyxiés sous le poids de leurs amoureux ils étouffent et certains, comme Venise, en meurent.

Mais tous les participants ont aussi opiné qu’il y avait moyen d’éviter l’asphyxie. Et de proclamer qu’à Québec, on voulait réussir à l’éviter. Et de formuler huit principes devant guider toutes les actions concernant le Vieux-Québec, pour le garder vivant et habité par des résidants permanents, pour y conserver des commerçants originaux et prospères, pour en faire un quartier touristique de qualité maximale.

Maintenant qu’on a les principes d’action, il s’agit de passer à l’action. Le CCVQ a toujours dit que l’acteur principal, c’est la Ville de Québec. Déjà, la Ville a effectué un travail exemplaire pour revitaliser le patrimoine bâti. Et voilà que maintenant, la Ville bouge quant au patrimoine social. Bravo ! Et en bonus, le CCVQ veille...

Lorsque nous avons tenu les États généraux, en 2009 et 2010, nous ne savions pas que la population du Vieux-Québec était en baisse rapide. La sortie, en février, des premières données du recensement de 2011 nous a surpris.

Surprenons maintenant ceux qui capitulent face aux «lois» du marché.

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